Petite pointe culturelle, 400 ans de la naissance de Molière oblige, avec cette délicieuse scène du Bourgeois Gentilhomme recevant d’un maître d’arme une leçon d’escrime d’anthologie afin de parfaire son éducation et ses bonnes manières.
LE MAITRE D’ARMES après avoir pris les deux fleurets de la main du laquais, et en avoir présenté un à M. Jourdain.
Allons, monsieur, la révérence. Votre corps droit. Un peu penché sur la cuisse gauche. Les jambes point tant écartées. Vos pieds sur une même ligne. Votre poignet à l’opposite de votre hanche. La pointe de votre épée vis-à-vis de votre épaule. Le bras pas tout à fait si étendu. La main gauche à la hauteur de l’oeil. L’épaule gauche plus quartée. La tête droite. Le regard assuré. Avancez. Le corps ferme. Touchez-moi l’épée de quarte, et achevez de même. Une, deux. Remettez- vous. Redoublez de pied ferme. Un saut en arrière. Quand vous portez la botte, monsieur, il faut que l’épée parte le première, et que le corps soit bien effacé. Une, deux. Alons, touchez-moi l’épée de tierce, et achevez de même. Avancez. Partez de là. Une, deux. Remettez-vous. Redoublez. Un saut en arrière. En garde, monsieur, en garde. (Le maître d’armes lui pousse deux ou trois bottes, en lui disant: En garde.)
M. JOURDAIN
Euh?
LE MAITRE DE MUSIQUE
Vous faites des merveilles.
LE MAITRE D’ARMES
Je vous l’ai déjà dit, tout le secret des armes ne consiste qu’en deux choses, à donner et à ne point recevoir; et comme je vous fis voir l’autre jour par raison démonstrative, il est impossible que vous receviez si vous savez détourner l’épée de votre ennemi de la ligne de votre corps; ce qui ne dépend seulement que d’un petit mouvement du poignet, ou en dedans, ou en dehors.
M. JOURDAIN
De cette façon donc, un homme, sans avoir du coeur, est sûr de tuer son homme, et de n’être point tué?
LE MAITRE D’ARMES
Sans doute; n’en vîtes-vous pas la démonstration?
M. JOURDAIN
Oui.
LE MAITRE D’ARMES
Et c’est en quoi l’on voit de quelle considération, nous autres, nous devons être dans un état; et combien la science des armes l’emporte hautement sur toutes les autres sciences inutiles, comme la danse, la musique, la…
Le maître d’escrime (Conseillé par Patrice)
Arturo Pérez-Reverte
Voici une histoire passionnante qui se lit comme un polar où l’on suit Don Jaime Astarloa, illustre maître d’armes espagnol du XIXème siècle devant donner des cours d’escrime à une belle et mystérieuse femme pour une raison inconnue, ce qui sera la quête de notre héros.
On y trouve tout l’univers de l’escrime, Estocade, flanconade, parade de quarte, prime. et botte secrète. Il y a aussi la pointe nostalgique d’un monde révolue où courage et honneur représentés par la pratique de l’escrime laissent place à la facilité et la lâcheté du monde moderne avec les armes à feu.
j’ai adoré !
Le maître d’armes (Conseillé par Maître Eric)
Moi je vous conseille un petit livre de poche écrit par Remy DELHOMME (un pote d’équipe de France dans les années 85, mazette ça date) qui s’appelle “”le maître d’armes””” (chez BROCHET).
C’est l’histoire d’un ado qui découvre, qui dérobe (mais l’a t-il réellement dérobé) un petit carnet de son maître d’armes qui…… Chut……!
C’est une très très belle histoire qui fera écho à beaucoup de jeunes escrimeurs. C’est très bien écrit, il se lit facilement et rapidement. Je me souviens encore quand Fanny ma fille l’a englouti dans la voiture tandis que je la conduisais sur un circuit national……..je me souviens aussi de ses commentaires au fur et à mesure de sa lecture. Mais ça c’est secret.
Cyrano de Bergerac (Conseillé par plein d’escrimeuses et d’escrimeurs)
Il y a tant à dire de cette péninsule qu’il ne fallut qu’on l’évitasse !
Rien que pour la plus belle tirade d’escrime qu’on aimerait connaître par cœur afin de la déclamer lors de nos combats 😉 :
Je jette avec grâce mon feutre,
Je fais lentement l’abandon
Du grand manteau qui me calfeutre,
Et je tire mon espadon ;
Élégant comme Céladon,
Agile comme Scaramouche,
Je vous préviens, cher Myrmidon,
Qu’à la fin de l’envoi, je touche !
Vous auriez bien dû rester neutre ;
Où vais–je vous larder, dindon ?…
Dans le flanc, sous votre maheutre ?…
Au cœur, sous votre bleu cordon ?…
– Les coquilles tintent, ding–don !
Ma pointe voltige : une mouche !
Décidément… c’est au bedon,
Qu’à la fin de l’envoi, je touche.
Il me manque une rime en eutre…
Vous rompez, plus blanc qu’amidon ?
C’est pour me fournir le mot pleutre !
– Tac ! je pare la pointe dont
Vous espériez me faire don, —
J’ouvre la ligne, – je la bouche…
Tiens bien ta broche, Laridon !
À la fin de l’envoi, je touche.
(Sur la page « La dernière séance » , la même tirade jouée par le plus extra des Cyranos ! )
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